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25 mai 2007

Ghost in the Shell Innocence de Mamoru Oshii (2004)

GITS_Innocence_Cover

Il est difficile de résumer ou simplement de parler de Ghost in the Shell Innocence. Forcément, c’est un film de Mamoru Oshii, ce qui à la fois un gage de qualité, d’une certaine profondeur philosophique et d’un divertissement que l’on peut aisément qualifier d’adulte. C’est aussi un gage d’incompréhension car bien des aspects de ses films restent flous, même après plusieurs visionnages. Moins éparses que les films de David Lynch, qui a atteint son apogée en matière de fragmentation du récit et de concepts abstraits avec Inland Empire, mais la comparaison est facile, Oshii étant d’une certaine manière, une sorte de David Lynch japonais (bien que mon film préféré d’Oshii, Tenshi no Tamago, avec le design de Yoshitaka Amano, n’ait fondamentalement rien à voir avec un film de Lynch).

Ghost in the Shell premier du nom, adaptation libre du manga du professeur de philosophie répondant au pseudonyme de Masamune Shirow, eu un écho retentissant auprès du public, y compris chez certains réalisateurs américains. Les thèmes abordés, le ton adulte teinté de philosophie, le lyrisme et la puissance des plans contemplatifs, sans oublier l’esthétique visuelle et sonore ont contribué à cette large reconnaissance, qui pouvait pourtant en gonfler pas mal avec son impression un peu trop marquée de court de philosophie intégré dans un film d’anticipation. L’inverse d’un Blade Runner en gros.

Pour Innocence, c’est quasiment un retour à zéro. La trame n’a rien à voir avec le premier film mais s’inscrit dans le même univers et en prend la suite chronologiquement. Batou est désormais le personnage principal du film, même si sa relation avec Makoto Kusanagi reste le fil du récit.

Mes impressions personnelles. D’abord, j’ai réfléchit plusieurs minutes suite au visionnage. Longtemps. Innocence est d’une telle richesse esthétique et d’une telle densité qu’il est nécessaire de passer un moment à visualiser à nouveau mentalement les différentes scènes du film. Il y a des scènes qui sont des coups de génies. Et puis la structure du scénario fait que l’on revoit différemment les scènes après avoir certaines informations. A la limite, que l’histoire soit bien ficelée, ça semble la moindre des choses pour un tel film.

Au fil de cette première analyse, je me suis dit que j’avais en face de moi un grand film. Peut-être le plus abouti de la filmographie de Mamoru Oshii. Ses thèmes de prédilections y sont présents, et de manière plus détaillée, plus franche que dans ses autres films, en évitant les lourdeurs habituelles. Il y a beaucoup de phrases qui peuvent sembler sorties de nulle part mais qui ont une importance dramatique dans le ressentiment des personnages. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : de la compréhension de plusieurs personnages fascinants, dans un univers qui ne l’est pas moins.

Cette fois, les diverses réflexions philosophiques n’entachent pas le solide récit, ce dernier ne passe pas au second plan d’un film qui se voudrait simplement une réflexion. La balance entre le récit et la réflexion est bien mieux élaborée que dans le premier film et la réflexion est plus limpide et plus claire, mieux amené et quasiment logique. Le rapport entre le thème, la réflexion sur ce thème et le récit d’une histoire sur ce thème est en parfaite symbiose, ce qui est finalement assez rare, surtout quand tous les éléments de cette chaîne sont de cette qualité.

Bien qu’il ne soit plus à la pointe de la technologie en 2007, Innocence reste également un outrageant pari visuel et esthétique. L’utilisation de la 3D permet des plans fascinants, comme cette incroyable déambulation de Batou dans un magasin d’alimentation, se terminant par une accélération époustouflante. Le nombre de détail présent dans cette scène est juste hallucinant. Et ce n’est pas le seul passage qui souffle le spectateur, des plans de ce calibre, il y en a durant tout le film. Il y a une véritable couleur esthétique dans ce film, unique et personnelle, qui colle parfaitement au thème des robots et des poupées. Certains plans sont impressionnants, d’autres carrément épatants visuellement, sans oublier l’excellente bande sonore de Kenji Kawai qui donne toute sa puissance au film. Je ne l’ai regardé que sur un écran de TV et j’ai bien du mal à imaginer le choc visuel qu’il a pu constituer en son temps dans une salle de cinéma. Au pire, si l’on n’apprécie guère les histoires de ce type, on peut savourer le visuel du film, qui est au-delà de toute critique.

Le film est assez pessimiste dans son ensemble, décadent, à l’image qu’Oshii a de l’humanité certainement. Pour sa beauté, sa poésie, sa qualité intellectuelle en font l’une des œuvres majeures du cinéma d’animation. Bref, en ce qui me concerne, j’ai pris une sacrée baffe. Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde, il fait parti des films qui font réfléchir et laissent sans voix après visionnage.

GITS_Innocence__01_ GITS_Innocence__02_

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