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30 juillet 2006

Blade Runner de Westwood (1997)

Blade_Runner_Cover

J’ai enfin terminé Blade Runner, l’adaptation informatique du film culte d’anticipation de Ridley Scott (1982), lui-même tiré du livre Do Androids Dream of Electric Sheep ? de Philip K.Dick, l’un des grands gourous de la SF (Minority Report, Ubik…). Ce jeu d’aventure en Point & Click développé par Westwood (Command & Conquer) sorti en 1997 tient sur la bagatelle de 4 CD, bourré à craquer d’images digitalisées, de voix, de cinématiques et de décors particulièrement gourmands. Autant dire qu’à l’époque, peu de personnes ont pu en réaliser une installation complète.

Blade Runner est un jeu intéressant à plus d’un aspect. Il se présente comme une histoire parallèle à celle du film et du livre se déroulant à la même période chronologique. On retrouve certains lieux et personnages du film mais également des situations analogues à celles dont le héros fait face dans le livre. Cependant, il s'agit plus d'une adaptation du film que du livre, car de nombreux aspects de l'univers ne sont pas plus évoqués ici que dans le film, notamment tout se qui touche à l’aspect théologique (Mercer…), qui est totalement éludé dans l’adaptation de Ridley Scott. Adaptation qu’il faut voir comme la vision personnelle de Ridley Scott de l’univers crée par Dick, un peu à la manière de la vision de Mamoru Oshii du Ghost in the Shell de Masamune Shirow, analogie qui reste dans le domaine de la SF mais de l’autre côté de l’océan. 

Le jeu propose d’incarner un éminent Blade Runner, l’un de ces chasseurs chargés d’éliminer (ou « retirer » selon la sémantique officielle) des androïdes indésirables qui se fondent dans la population, les Replicants. Le joueur est placé au cœur d’une affaire complexe où des Replicants semblent impliqués dans une étrange affaire de meurtre d’animaux. L’intrigue se tisse de fil en aiguille, s’aggravant à chaque nouvelle révélation et faisant intervenir de nouveaux personnages importants. Tout comme dans le livre et le film, l’absence d’empathie chez les Replicants est l’une des clés du scénario.

Le jeu est visuellement très fidèle au film, avec ses quartiers et ses décorations d’inspiration japonaise. Les décors, modélisés en 3D puis converti en 2D, n’ont pas trop vieillit et restent fort agréables à l’œil et détaillés. En revanche, l’incrustation des personnages a vraiment pris un sérieux coup de vieux. On retrouve avec plaisir l’ambiance moderne et parfois mélancolique du film, grâce à une direction artistique très proche, qui a su reprendre les éléments fondamentaux de la photo du film.

Point & Click relativement classique dans sa structure et dans son contrôle, Blade Runner bénéficie d’une interface très travaillée qui le rend vraiment immersif. Le fait de pouvoir analyser les photos que l’on récupère au cours de l’aventure pour obtenir des indices est une innovation très intéressante qui enrichit le rôle actif du joueur dans la recherche d’indice. Il est possible de pouvoir repasser les précédentes conversations, de les classer par affaires, ou par personnages grâce à différents filtres. Un autre point particulièrement fidèle à l’œuvre original est de pouvoir faire passer le fameux test d’empathie Voight-Kampf afin de détecter les Replicants. L'interface est l'un des points clés du jeu, pour une fois, ce n’est pas seulement un élément fonctionnel mais un élément narratif et immersif à part entière.

L’aspect le plus intéressant de Blade Runner est sans doute son scénario et les relations qu’il est possible de créer avec les personnages en fonction de la manière dont on joue. Il existe pas moins d’une dizaine de fins possibles qui dépendent des rapports sociaux que le joueur a eu avec les autres protagonistes de l’aventure. Westwood a réussi à réaliser en 1997 ce dont beaucoup fantasment encore aujourd’hui : créer un jeu avec des embranchements scénaristiques qui influent sur la résolution finale, tout en restant cohérent par rapport aux actions du joueur. Blade Runner a réussi en 1997 là où Silent Hill 2 n’a fait qu’esquisser le concept et où Fahrenheit a lamentablement échoué en 2005.

Blade Runner reste donc un jeu d’aventure toujours très valable qui peut se permettre de donner de grandes leçons de structure narrative à des jeux plus modernes. Dommage que l’univers de Blade Runner n’ait pas servi de base pour d’autres jeux, car il s’agit d’un des univers les plus fascinants qui soit. Plus ancien, je recommande tout de même le jeu Snatcher de Konami (de Hideo Kojima) qui s’inspire largement de Blade Runner et demeure aussi bon que son modèle, bien que très linéaire. C’est un titre remarquablement bien écrit, qui parvient à créer de fortes ambiances oppressantes avec un minimum de gameplay. La version Mega-CD est malheureusement la seule traduite dans la langue de Shakespeare et c’est vers elle qu’il faudra se tourner pour découvrir ce petit bijou d’une autre époque. 

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Commentaires
Y
Non, carrément pas, en tout cas je l'ai jamais vu. C'est le problème de certains vieux, impossible de remettre la main dessus. Etant donné que ce n'est plus en vente, j'ose te recommander d'essayer de trouver une ISO du jeu.
N
J'aimerais bien y jouer...<br /> <br /> On peut encore le trouver en occasion en magasin à ton avis ?
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